Longtemps je me suis peu intéressé à la vie amoureuse, la sensualité et la sexualité. J’étais plutôt fier de m’en montrer détaché. Ce détachement n’était pas difficile : j’avais une certaine attirance pour les filles, mais elle était liée à des préoccupations sociales ou intellectuelles, ou à des considérations pas assez motivantes (beauté du visage, des cheveux…). Fantasmes quasi-inexistants. Masturbation de même…Asexualité. C’est le nouveau terme à la mode. 1% de la population selon quelques enquêtes. Je pense que ce chiffre est largement sous-estimé.Depuis quelque temps, j’aimerais que la donne change en ce qui me concerne, et elle change… Timidement, mais elle change 🙂 J’accorde beaucoup d’importance à la vie sensuelle et sexuelle. Ce domaine me semble vaste, plein de promesse d’intensité, de plaisir… Petit à petit, je développe mes envies et je prends confiance en moi :-)Le déclic : une prise de conscience intellectuelle suite à des lectures, des témoignages, etc. et aussi la découverte de la sensualité. Tout cela principalement grâce à Michel Lobrot.Reste que globalement, j’aimerais explorer une autre façon de vivre les relations amoureuses. Je vois trop de couples s’enliser progressivement dans l’indifférence ou la destruction réciproque, avec dans le meilleur des cas, une rupture très douloureuse, et dans le pire des cas, un enlisement “à vie”… On marche vraisemblablement sur la tête 😉
Certains pourront dire que c’est à cause du manque d’efforts des gens, de leur égoïsme, etc. Je propose une autre piste : un problème de fermeture par rapport au reste du monde.
Avant d’expliquer pourquoi, je veux détailler ce que j’entends par fermeture et ce que pourrait être l’ouverture.
Deux personnes qui passent du temps ensemble, c’est déjà deux personnes qui se ferment au reste du monde. Cela ne remet pas en question l’intérêt de passer du temps ensemble, mais il me semble qu’il faudrait éviter d’ajouter encore d’autres facteurs de fermeture !
J’imagine un monde où l’on serait toujours dans un état de recherche, de jeux de séduction, envers ceux qui nous attirent, même si on est déjà engagé dans une relation amoureuse. J’imagine un monde où la question ne serait pas “d’être avec quelqu’un” ou de ne pas l’être, où il y aurait tout un panel de façons d’être avec quelqu’un, où l’on pourrait échanger de la tendresse et de la sensualité sans “sortir ensemble”, où l’on pourrait serrer dans les bras et embrasser des inconnu-e-s, où tout cela ne deviendrait pas tout de suite une “affaire d’état”. Pour moi, c’est ça l’ouverture au reste du monde…
Cela pousse plus loin le conseil généralement donné aux couples : “gardez chacun des moments où vous vivez votre propre vie séparément”. D’autre part, certains diront que lorsqu’on est avec la “bonne” personne, on n’a pas envie d’aller voir ailleurs. A mon avis, c’est surtout vrai aux débuts, et dans ce cas, pas la peine de se forcer ! Mais je doute que cet état puisse durer. Est-ce que certains ne le font pas durer “artificiellement” par manque de confiance en eux ?
En effet, l’ouverture est loin d’être facile ! Elle demande une grande confiance en soi et entraîne des problèmes de jalousie, de sentiments d’insécurité, etc. Sans parler du risque de frustration lié à l’éventuelle envie de l’un de passer moins de temps ensemble et plus de temps dans d’autres relations, complémentaires, différentes… Je pense que c’est ces raisons qui amènent les gens à repousser l’ouverture !
Pourtant, elle apporte énormément :
- Rien n’étant “acquis”, la séduction reste une recherche de tous les instants. Cette recherche permanente dynamise la relation.
- Les phénomènes d’étouffement sont réduits. Les demandes ne deviennent pas des exigences et sont moins perçus comme telles. Il n’y a pas de ressentiment du style : “j’aurais pu commencer une autre relation, j’ai refusé pour toi, donc tu me dois ceci” ou “Tu dois faire ça parce qu’il n’y a qu’avec toi que je peux le faire”…
- Des alternatives à la relation sont “cultivées”. Donc la confiance dans sa capacité à séduire se développe et le vide après une éventuelle séparation est moins fort. Ainsi, même s’il se peut que le risque de séparation soit plus grand, la perspective d’une séparation est moins angoissante. Or, à mon avis, quoiqu’on fasse, une telle perspective trotte toujours dans la tête. De plus, la décision de séparation (parfois souhaitable) est plus facile à prendre. Elle peut se prendre plus sereinement et dans un meilleur moment (par exemple, sans attendre que la relation ne devienne très destructrice).
- Il est plus facile d’essayer de construire de nouvelles relations amoureuses, et ces débuts peuvent être plus fluides, plus progressifs, etc. On a plus de chance de trouver un partenaire avec qui la relation sera riche et fertile…
- Les enjeux sont moins grands (uniquement liés aux moments passés ensemble). Ces faibles enjeux encouragent les prises de risques, la sincérité, les explorations, la décontraction, etc.
Tout ceci n’est pas forcément incompatible avec l’attachement, l’implication ou la durée. Il n’est pas exclu de faire des efforts pour rester avec une personne, de vouloir approfondir une relation et partager beaucoup, ou même de décider de limiter ses relations amoureuses pour rester assez disponible, etc.
Ces convictions intellectuelles sont bien ancrées chez moi. Qu’en est-il de la pratique ? 😉 Le moment où j’écris ces lignes se prête bien au bilan. Voila un an que j’ai embrassé une fille pour la première fois. Le même schéma se retrouve pour la plupart des filles avec qui je suis sorti. Il y a un décalage entre la fille, qui n’est pas très amoureuse, et moi, qui suis très enthousiaste, très amoureux, et qui ne voit qu’elle. Elle m’apparaît comme irremplaçable, ce qui est sans doute lié à un manque de confiance en moi. J’essaie de tout faire pour ne pas l’étouffer, mais ça ne suffit pas. Elle préfère arrêter, parce qu’elle a peur et/ou n’est pas assez amoureuse. Et cela bien souvent avant même qu’on ait parlé de toutes les idées évoquées dans cette page.
Je n’en ai jamais voulu à une fille de sortir avec moi pour me lâcher quelques jours ou semaines après. Je préfère cela à rien. Même si il m’est arrivé d’en souffrir beaucoup… Mes convictions sur l’ouverture m’ont beaucoup aidé à me lancer, à prendre des risques, à vivre les moments difficiles…
Je suis optimiste par rapport à la suite. J’ai de plus en plus confiance en moi. Je suis capable d’être amoureux, ce qui est très stimulant. Et je constate que plus de filles que je ne le pensais sont ouvertes à ce que je raconte dans cette page. De toute façon, il n’est pas exclu qu’un jour, je décide d’essayer avec une fille la “fermeture”, dans l’espoir qu’elle finisse par se rendre compte que l’ouverture est préférable même si ça entraîne des souffrances…
Je ne prétends pas avoir la solution, c’est facile pour personne, et peut-être que je perçois mal les choses… Je verrai bien !
Un texte (assez long) que j’ai écrit sur le sujet en septembre 2004 : Promettre ou ne pas promettre ?
Un texte de Solveig dont le blog me fascine ! Ce blog est tellement plein de vie, tellement touchant, tellement stimulant ! Merci Solveig 🙂
Et un article sur Wikipedia dans lequel je me retrouve et qui comporte des liens très intéressants : Polyamour