Category Archives: Livres

M0P : Ca fait longtemps que je n’avais pas eu antant envie de partager un roman !

MOP - Mikaël Herviaux

A peine arrivé sur la station-service de Briis-sous-Forges, je rencontre un jeune gars bien habillé. Timide, il accepte de m’emmener jusqu’à Rennes. Je m’attends à entendre la vie d’un jeune-cadre-dynamique… Surprise : Mikaël Herviaux est un jeune-intello-précaire ! Une rencontre comme je les aime 🙂

Il vient d’écrire son premier roman : MOP. L’histoire en elle-même donne déjà envie : un mec de 80 ans, qui a été un acteur très connu, est en train de s’aigrir et de se replier sur lui-même. Bref, c’est le déclin. Il décide alors d’utiliser son argent pour réunir une douzaine de musiciens du métro et créer un orchestre : le MOP, Metropolitan Orchestra of Paris ! Mois après mois, le MOP prend forme…

Mais c’est surtout la maturité et l’humanité de ce vieil homme qui m’ont transporté. Lui et ses faiblesses. Lui et ses réflexions sur la vie. Lui et son regard sur les gens. Jamais de bons sentiments trop faciles, toujours des tranches de vie intenses et complexes… Et j’ai aussi beaucoup aimé l’immersion dans un univers parisien que je connais peu, mais qui me semble appréhendé ici de manière juste et réaliste : celui des pauvres, des immigrés, des sans-papiers, des marginaux…

Par ses personnages touchants et atypiques, par ses questionnements existentiels, ce roman de Mikaël Herviaux me fait penser aux romans d’Arto Paasilinna. Mais MOP me touche encore plus, car il est plus impliqué, plus profond, plus proche de moi…

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Critique du livre “Guide des amours plurielles” de Françoise Simpère

C’est avec un plaisir mêlé d’appréhension que j’ai entamé la lecture du dernier livre de Françoise Simpère : « Guide des amours plurielles – Pour une écologie amoureuse ».

Le guide des amours plurielles - Françoise Simpère

  • Plaisir lié à la parution d’un nouveau livre sur le polyamour – sujet qui me tient à cœur –, écrit par une femme dont j’apprécie la façon de vivre et la plume.
  • Appréhension parce que je connais maintenant Françoise Simpère personnellement, j’apprécie beaucoup notre relation, mais j’avais peur qu’elle associe le livre à des idées avec lesquelles je ne suis pas en phase : condamnations du capitalisme, du libéralisme, du libertinage marchand et de certaines cellules familiales non-traditionnelles.

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Extraits de « King Kong théorie » de Virginie Despentes

Ca devient une habitude, quand un livre me plait, je sélectionne les passages qui m’ont le plus touchés et je les publie ici. « King Kong théorie » se prête bien à ce genre d’exercice. D’abord parce certains passages m’ont particulièrement marqués : notamment un passage sur la séduction féminine, un sur la prostitution et un sur l’asexualité féminine (que j’estime aussi importante que l’asexualité masculine). Mais aussi parce que ça m’a permis de ne pas faire apparaître les « théories du complot », ou certaines explications que j’ai trouvées simplistes. Ces points négatifs ne m’empêchent pas d’être admiratif et acquis aux causes de ce « nouveau féminisme ».

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Collège « difficile » : des innovatrices bien inspirées racontent…

Je viens de lire le livre « L’école, les belles et la Bête » de Aline Peignault et Marie-Pierre Degois, paru en avril 2007 aux éditions « Chronique Sociale ».

Passionnant, mais assez difficile à raconter. Les deux auteurs, l’une prof au collège, et l’autre Principal, racontent des séquences de vies : au début leurs souvenirs d’enfance, leurs formations, puis leur expériences professionnelles.

J’apprécie particulièrement les récits de Marie-Pierre Degois. Ils m’éclairent bien sur les processus qui ont contribué à la réussite de certains projets du collège. En plus, j’aime beaucoup sa façon décrire et son 🙂 J’ai repris certains passages de livre (dont un de Aline Peignault). Cela donne un petit texte agréable et rapide à lire, je pense que vous ne serez pas déçus du détour 🙂

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Penser la pornographie (Ruwen Ogien)

Couverture du livre 'Penser la pornographie' de Ruwen OgienJe viens de lire « Penser la pornographie » de Ruwen Ogien (2003). Et me voila parti sur ce sujet délicat 🙂 Qu’est-ce qui me motive à lire et à écrire sur la pornographie ? C’est à la fois la continuité de mes remises en question, ici sur le plan sexuel, et ma révolte contre le moralisme ambiant. De plus, dans ce domaine, la lecture m’a amené à changer de position, donc je pense qu’écrire sur le sujet peut avoir un certain impact sur mes (quelques) lecteurs. Enfin, c’est aussi parce que je pense que la société perd beaucoup à la condamnation morale de la pornographie.

OUI aux règles (ou aux condamnations morales) dont l’esprit est :
1/ d’empêcher le tort causé à autrui ;
2/ de défendre une égale considération de chacun

OUI à ces règles et à des garants forts pour ces règles.

Par contre, NON aux règles (ou aux condamnations morales) qui ne seraient pas liées à ces deux points, c’est-à-dire qui ne s’appuieraient pas sur « l’éthique minimale » !

La pornographie confrontée à l’éthique minimale, c’est intéressant parce que :

  • certains arguments pornophobes ne s’appuient pas sur l’éthique minimale ;
  • les autres arguments pornophobes se réclament de l’éthique minimale mais se révèlent en fait douteux ;
  • les règles ou les condamnations morales pornophobes (qui sont mises en place à partir de ces arguments) ont, à mon avis, des conséquences négatives plus importantes que ce qu’on pourrait penser à première vue (là, je sors du domaine exploré par Ruwen Ogien dans son livre).

Pourquoi y’a-t-il autant de règles et de condamnation morales contre la pornographie ?

Ethique minimale Type d’argument Arguments antipornographie
Arguments s’appuyant dessus Elle cause un tort à autrui 1. « protection de la jeunesse »
2. « incitation à la violence sexuelle »
3. « conditions de travail déplorables »
Elle va à l’encontre de l’égalité dans la prise en compte des voix et des intérêts de chacun 4. « dégradation des femmes »
Arguments ne s’appuyant pas dessus Elle est médiocre 5. « mauvaise qualité des films »
Elle cause un tort à soi-même 6. « “modèle” moral inacceptable : sexualité interchangeable, dissociée de tout sentiment, de toute affectivité »
7. « perte futile de temps, d’argent et d’énergie »

Je vais commencer par commenter rapidement les arguments qui ne s’appuient pas sur l’éthique minimale. Je ne m’étendrai pas.

L’argument qui m’intéresse le plus est le 4 : la « dégradation des femmes ». C’est personnellement ce qui me gêne le plus dans la pornographie. Je citerai un assez long passage du livre de Ruwen Ogien. C’est sur ce passage que j’ai le plus envie d’échanger (dans les commentaires en bas de la page ou dans la vraie vie).

Je parlerai de l’argument 1 : « protection de la jeunesse » à la fin : c’est long et je n’arrive pas vraiment à trouver un bon compromis « concision – exhaustivité ». Cependant, il y a matière à riches réflexions…

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Didier van Cauwelaert est top ! Un cercle de lecture, ça vous dit ?

J’ai fini de lire hier soir “Rencontre sous X” de Didier van Cauwelaert. Je suis grave enthousiaste 🙂 J’ai l’impression que c’est le meilleur livre que je n’ai jamais lu ! Des personnages très attachants avec des révoltes touchantes et jouissives, un humour que j’apprécie beaucoup (un peu façon “petit Nicolas”), une relation amoureuse atypique où plein de choses sont inversés…

En tous cas, ça m’a donné envie d’organiser un cercle de lecture ! On en faisait à Lyon l’année dernière : tous les mois, un livre et un rendez-vous chez quelqu’un pour en discuter, chacun ramène un peu à bouffer ou à boire… C’est chouette pour rencontrer de nouvelles personnes et pour découvrir de nouveaux auteurs !

Si ça vous branche, faites moi signe 🙂

Voici quelques passages (pas forcément significatifs) : Continue reading Didier van Cauwelaert est top ! Un cercle de lecture, ça vous dit ?

Madeleine Chapsal

Voici quelques citations de “Un été dans histoire” de Madeleine Chapsal 🙂

En temps ordinaire, nous faisons l’amour comme des sauvages, ou plutôt comme ne le font pas les sauvages : on s’enfile, on s’agite convulsivement, on pousse trois petits gémissements plaintifs et ça y est. J’ai toujours désiré faire l’amour d’une autre façon, extrêmement lente. Je ne sais pas s’il est ainsi pour les hommes, mais je sais qu’on peut mener une femme jusqu’à l’acmé de l’excitation, jusqu’à l’orgasme, en répétant indéfiniment la même caresse au même point de son corps, quel qu’il soit et même s’il paraît indifférent au début. Cela frôle le supplice, bien entendu, comme tout ce qui touche à l’érotisme. Mais va te faire foutre, c’est toujours au même traitement vite expédié qu’on a droit – comme si nous avions tous, et toutes, un mode d’emploi, le même (avec variante pour le sexe opposé), inscrit sur la peau du ventre ! Variante féminine : la bouche, les seins, une rapide exploration de la vulve pour voir si c’est bien mouillé et hop l’oiseau au nid. Je parle des meilleurs cas, de ceux où ça marche, bien entendu. Les autres, passons-les par profits et pertes. Continue reading Madeleine Chapsal

Christian Bobin

Je suis tout-à-fait séduit par le livre “Folle Allure” de Christian Bobin. Ce livre m’habite encore, plusieurs jours après l’avoir lu 🙂 Voici quelques extraits pour vous donner envie :

Tu sais, petite, la pâtisserie et l’amour, c’est pareil – une question de fraîcheur et que tous les ingrédients, même les plus amers, tournent au délice.

Je ne comprends pas tout ce qu’elle me dit. Je ne comprends même rien, j’écoute sa voix traversée d’oiseaux et soudain, j’éclate de rire. Elle me regarde sans surprise, avec bonheur même.

(…)

C’est fou ce qu’on peut dire comme bêtises pour retenir les gens – et c’est fou comme les gens croient aux bêtises qu’on leur dit. Ma chérie, ma douce. Tu es la plus belle, tu es la meilleure. Tu es indispensable. Et puis quoi encore. Le premier film avait séduit les critiques. Je n’y avais qu’un second rôle et ils n’avaient parlé que de moi. Le second, c’est sûr, serait un succès. Tournage au Canada. Il n’y aura pas de second. J’ai pris l’argent du premier, j’ai compté, cela devrait me suffire pour passer trois ans dans le Jura. Peut-être quatre. Après je verrai. Je les entends d’ici. Irresponsable, immature, capricieuse, sale gosse. Le vrai mot ils ne le trouveront pas. Le seul mot qui n’est pas dans leur vocabulaire parce qu’il n’est pas dans leur vie : libre.

(…) Continue reading Christian Bobin

La non-directivité intervenante (NDI)

Michel Lobrot est quelqu’un de très important dans ma vie. C’est la personne qui a le plus d’influence sur ma vie intellectuelle. Si j’arrive petit-à-petit à développer une vie amoureuse et corporelle enrichissante, c’est principalement grâce à cette influence intellectuelle et grâce aux rencontres qu’il co-organise (notamment la rencontre internationale de la NDI).

J’ai lu pratiquement tous ses livres. Je les trouve particulièrement pertinents. Malheureusement, la plupart du temps, Michel n’arrive pas à écrire pour les gens “qui ne sont pas dans le trip”, surtout dans le début de ses livres. J’ai failli arrêter de lire le premier livre que j’ai lu de lui – Les forces profondes du moi – parce que, comme souvent, le début n’est pas assez centré sur la vie des gens, il n’explicite pas assez le fil conducteur pourtant pertinent. J’ai continué car j’allais le rencontrer. J’ai bien fait ! A partir de la page 78 (quand il arrête de parler de Freud), ça a été un apport d’une très grande richesse pour moi ! Les autres livres m’ont aussi beaucoup apporté. Je compte travailler à mettre en valeur ces livres, peut-être en les résumant de manière plus accessible pour les gens “qui ne sont pas dans le trip'”…

Voici un site pour avoir un aperçu de son oeuvre : Michel Lobrot. Vous pourrez y lire des morceaux choisis par moi 🙂 Je vous recommande ce site !

Michel Lobrot a développé la Non Directivité Intervenante (NDI) : une approche pédagogique originale, qui comporte (bien sur) des similitudes avec celle de Rogers.