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La Fabuleuse Année Sabbatique de Guilain Omont

Comme vous le savez peut-être, je viens d’entamer une année sabbatique avec une joie non dissimulée 🙂 Mon projet principal est de réfléchir, de lire, d’écrire et peut-être de tourner des films autour d’une question de philosophie morale et politique : quand est-il légitime de restreindre la liberté individuelle et pourquoi ?

Je publie ici une première version de l’introduction du texte que j’écris à ce propos. Elle est loin d’être définitive, mais je la publie quand même pour vous aidez à m’aider. Voici ce dont j’ai besoin :

  • des commentaires critiques (points sur lesquels vous n’êtes pas d’accord, omissions…) ;
  • des suggestions de lectures (même d’auteurs qui ont d’autres convictions que les miennes) ;
  • des suggestions de philosophes à rencontrer ;
  • de nouveaux exemples de restriction de liberté individuelle (éventuellement dans d’autres pays que la France) et votre opinion à propos de leur légitimité ;
  • et… de vos encouragements 🙂

Merci !

Imaginez que quelqu’un restreigne votre liberté (c’est-à-dire utilise la force ou la pression sociale pour vous obliger à faire quelque chose que vous n’auriez pas fait sinon ou pour vous empêcher de faire quelque chose que vous auriez fait sinon). Je pense qu’il n’y a que quatre cas où, de votre point de vue, vous pourrez (éventuellement) percevoir cette restriction comme légitime :

  • si elle est liée à des contraintes du « vivre ensemble » (interdiction de causer un préjudice individuel non consenti, respect de l’environnement et solidarité imposée),
  • si elle est liée à des contraintes économiques (produire des biens et des services à hauteur de ce que vous consommez),
  • si vous avez-vous-même autorisé quelqu’un à vous imposer certaines restrictions de liberté dans le but de vous aider à lutter contre vos problèmes de dépendance (addiction),
  • si vous avez renoncé à votre liberté au profit d’une cause, d’une personne ou d’un groupe parce qu’il vous apparaît plus important que votre liberté (rejet de l’individualisme) ou parce qu’il vous semble mieux à-même de savoir ce qui est bon pour vous (soumission infantile).

Je traiterai de ces quatre cas là dans les quatre premiers chapitres, en détaillant bien ce que j’entends par préjudice individuel, consentement, solidarité imposée, dépendance, individualisme, soumission infantile, etc., et en expliquant en quoi les restrictions de liberté peuvent effectivement y être légitimes – c’est-à-dire pas seulement légitimes de votre point de vue, mais d’un point de vue global ; je précise tout de suite que le quatrième cas me semble toujours néfaste à long terme…

Voyez-vous d’autres cas que ces quatre là ? A mon avis, dans tous les autres cas, les restrictions de liberté sont forcément perçues comme illégitimes par ceux qui les subissent. Prenons un exemple, avec l’hypothèse que vous ne rejetez pas l’individualisme et que vous n’êtes pas dans une soumission infantile : si vous décidez de ne pas goûter aux épinards et qu’on vous force à le faire, vous trouverez ça forcément illégitime, quand bien même vous auriez pour principe que les gens doivent goûter à tout.

Voici la thèse principale de ce texte : en dehors des quatre points ci-dessus, toute restriction de liberté n’est pas seulement perçue comme illégitime par la personne qui la subit : elle est effectivement illégitime d’un point de vue global, et on aurait intérêt à la supprimer (à quelques exceptions près, à propos des mineurs, j’en parle dans un chapitre à part entière).

Pourquoi cela ? Parce que même en supposant que ces restrictions apportent beaucoup de bonnes choses pour les personnes qui les subissent (ce qui me semble bien souvent faux, j’explique pourquoi dans la suite), leurs impacts négatifs sont dissuasifs, et très largement sous-estimés. Entre autres : un sentiment de manque de confiance en soi, une mauvaise connaissance de soi ; une détérioration des relations humaines ; un rapport de plus en plus négatif aux activités… Ces problèmes ont tendance à entraîner un malaise existentiel de vide et de non-sens, qui a lui-même des répercussions néfastes pour la personne et pour la société (et qui, en plus, décourage l’individualisme)…

Quels genres de restrictions de liberté de ce type rencontre-t-on (encore) en France ? Voici quelques exemples en vrac :

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Queer Parade à Tábor (CZ)

[English version: see below]

J’ai participé à la Queer Parade de Tábor, grâce à une amie française qui habite cette petite ville de République Tchèque.  Le mouvement queer – genderqueer pour être plus précis – m’intéresse depuis longtemps. Il s’agit d’échapper au schéma bipolaire des genres (masculins et féminins) : « je suis un mec, un vrai, et je sors avec une meuf, une vraie » ou inversement… Le mouvement genderqueer, c’est la liberté de vivre sans les limites du genre, sans faire reposer son identité sur un schéma réducteur. Ce n’est donc pas un synonyme d’homosexualité. Beaucoup de genderqueers sont bisexuels. Certains sont hétéro, comme moi actuellement. Certains homosexuels ne sont pas queers, parce qu’ils tiennent beaucoup au schéma bipolaire des genres. Les genderqueers, c’est le Q de LGBTQI (Lesbiens, Gays, Bis, Trans, Queers, Intersexes). Il y avait eu une rencontre à Paris il y a un an avec des gens du mouvement queer de Berlin, on avait failli organiser un café-queer à Paris, ça ne s’est pas fait, mais je considère que ce n’est que partie remise…

Bref, me voila donc parti pour un aller-retour en autostop France-Tchéquie sur un long week-end !

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Collège « difficile » : des innovatrices bien inspirées racontent…

Je viens de lire le livre « L’école, les belles et la Bête » de Aline Peignault et Marie-Pierre Degois, paru en avril 2007 aux éditions « Chronique Sociale ».

Passionnant, mais assez difficile à raconter. Les deux auteurs, l’une prof au collège, et l’autre Principal, racontent des séquences de vies : au début leurs souvenirs d’enfance, leurs formations, puis leur expériences professionnelles.

J’apprécie particulièrement les récits de Marie-Pierre Degois. Ils m’éclairent bien sur les processus qui ont contribué à la réussite de certains projets du collège. En plus, j’aime beaucoup sa façon décrire et son 🙂 J’ai repris certains passages de livre (dont un de Aline Peignault). Cela donne un petit texte agréable et rapide à lire, je pense que vous ne serez pas déçus du détour 🙂

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Dans quel(s) domaine(s) l’état est-il légitime ?

Il est souvent très pertinent qu’un groupe mette en place des régles et instaure des garants de ces régles (par un exemple, un état une police). Mais ces régles doivent être établies par le groupe, révisables par le groupe et doivent se contenter de limiter à empêcher des torts causés à autrui.

Cela est une approche très constructive pour gérer la discipline par exemple dans une classe (le garant des lois étant l’instit, sachant que des lois supérieures au groupe classe – des lois nationales par exemple – ne sont pas négociables et s’appliquent sur la classe via l’instit).

L’état doit tout faire pour encourager les diverses initiatives dans tous les domaines, les remises en question, etc. (et aussi réduire les formalités administratives, mais c’est une évidence).

L’état implique un risque important de corruption en tous genres (voir par exemple l’excellent spectacle elf, la pompe Afrique. Il faut donc un système anticorruptif puissant.

L’Etat ne doit pas défendre de morale perfectionniste : voir la page L’antiperfectionnisme libéral

Mes colos de juillet 2004

En juillet 2004, j’ai passé un mois à animer une colo dans le Vercors, avec une vingtaine d’enfants. J’ai pris contact avec le directeur car il est dans la “mouvance Freinet”. Les particularités des 2 séjours (14 jours et 12 jours) : d’une part aucune activité n’était prévue d’avance, et d’autre part, le taux d’encadrement était important (1 anim pour 4 ou 5 enfants), avec des enfants plutôt “difficiles” dans l’ensemble. Voici le premier bilan que j’ai écrit début août…

Rythme exigeant, responsabilités importantes, faible rémunération… Ca ne laisse pas le choix : pour que je persévère dans l’animation, je dois y prendre mon pied et/ou sentir que j’y fait un travail fructueux pour les enfants. Or, durant les deux colos que je viens d’animer, je n’ai pas l’impression d’avoir atteint ces 2 points de façon satisfaisante :

  • j’ai traversé trop de moments de galères et j’ai pas assez pris mon pied
  • j’ai pas l’impression d’avoir apporté beaucoup aux enfants.

Ce constat d’échec est toutefois relatif : vu de l’extérieur, j’ai assuré mes fonctions d’animateur de façon acceptable, et les enfants étaient globalement bien contents de leurs vacances. Face à mes sentiments d’insatisfaction, je ne baisse pas les bras, car j’entrevois des solutions… Toutes les phrases soulignées sont des choses concrètes que je compte faire avant d’animer une prochaine colo. Continue reading Mes colos de juillet 2004